lundi 14 janvier 2013

Le lundi, c'est théorie.

Hello !

Parlons un peu des quelques 'trucs théoriques' qu'il est bon de ne pas trop perdre de vue, à mon avis, quand on se lance dans la réalisation d'une planche de bd.
C'est surtout pour 'éclairer' les gens qui n'y connaissent que dalle, les autres, j'aurais du mal à vous rouler.

Donc je prend mon ton un peu sérieux et je dissèque cette p... de page 1 qui ne mérite que ça.

Avant de se lancer dans le crayonné définitif (et/ou l'encrage)
on peut avoir recours au croquis pour définir le découpage de la page
(on appelle aussi ça parfois 'storyboard' même si ce terme est plutôt réservé à la mise en scène sans tenir compte de la composition graphique générale de la page).

Dans cette page, les deux premiers strips ne sont composés que d'une seule case, en revanche, même si je me suis passé ici d'une séparation (gouttière verticale), le dernier strip est constitué de 2 'cases'.
Leurs tailles et leurs rapports de taille peuvent donner plus ou moins d'importance à ce qu'on y dessine. 

Ici je cherchais l'impression d'une 'symétrie' +/-égale entre le bloc d'immeuble et la jolie fille, Blanche, en les mettant tous les deux en avant visuellement.



Une rapide explication sur le sens de lecture
et le parcours de l’œil sur la planche lors de la lecture.

Comme nous lisons (nous occidentaux) de gauche à droite (et de haut en bas), les actions des personnages vont avoir tendance à être dessinées dans ce sens, pour que le mouvement du dessin guide notre œil, qu'ils s'accompagnent mutuellement.

Or, dans certains cas, comme en bout de strip (la dernière case d'une des bandes horizontales), on peut éventuellement inverser le sens de l'action pour accompagner l’œil vers la première case du prochain strip

On évitera de le faire dans la dernière case du dernier strip, censée diriger l’œil vers le coin inférieur droit et inciter à tourner la page.

Dans la case 1, qui forme à elle-seule le premier strip, j'ai donc volontairement fait marcher mon personnage dans le sens inverse de lecture, pour donner le sentiment que c'est un retour chez soi plutôt qu'un départ, à ceci près qu'il est placé en bas à droite de la page et en fin de strip, pour ne pas rompre la dynamique.

Je choisis aussi de garder un point de vue frontal, en zoomant un peu, pour donner à l'action un côté quotidien, elle rentre chez elle comme tous les jours quoi.*
Je profite du strip 2 pour faire passer le regard devant la boucherie et ses petits rideaux.
Ensuite à nouveau la silhouette de Blanche, vue à travers la fenêtre, pour le côté un peu 'voyeur' et qui me permet l'ellipse durant laquelle elle se tape les escaliers...
et enfin, on se retrouve à l'intérieur, face à une sorte d’Olympia (de Manet) révélée dans la blancheur de son corps à demi nu et alangui.
Tu vois un peu !

* Un truc que j'ai lu dans L'art Séquentiel de Will Eisner.

Sens de lecture, Composition, Lumière.

Bien entendu, tout ceci est théorique mais je suis toujours attentif
aux 'règles' que je peux enfreindre et dans quelle mesure, d'ailleurs j'évite, sauf quand ça me démange.

Par exemple ici, la sortie de page donne sur la gauche, j'ai fini par m'autoriser cette 'erreur' pour que ma composition tienne en place, même si je compte sur le bras de la fille pour permettre une 'sortie' à droite.
Je fais donc en sorte que la lumière contre-balance cette impression en découpant un triangle lumineux sur le bord inférieur droit. La composition en demi-cercle du(des) personnage vient aussi en renfort.

Les bulles et les blocs de texte (off) participent à la composition de la page et vont être placés de manière à diriger le regard et être lus dans le bon ordre.

Voilà, voilà...si c'est pas clair je te conseille vivement l'atelier storyboard sur CFSL,
animé par le formidable Thomas Allart par exemple, là tu vas tout piger.

A bientôt !



Bandini

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